Les traits d’identité culturelle en lien avec le statut d’immigrant et l’ethnicité : quel lien avec les symptômes de détresse psychologique et les symptômes dépressifs dans la main-d’œuvre canadienne? Résultats des neuf cycles de l’ENSP.
Auteur (e): Christiane Liliane Kammogne, Alain Marchand
Organisations: L’École des Relations Industrielles, Université de Montréal, Institut de recherche en santé publique de l’Université de Montréal
Date: Février 2019
Résume
Objectif
Cette recherche a pour objectif de comprendre au sein de la main-d’oeuvre canadienne, la distribution dans le temps des symptômes de détresse psychologique et des symptômes dépressifs à travers deux traits d’identité culturelle que sont l’ethnicité et le statut d’immigrant.
Méthode
Les données proviennent des neuf cycles de l’Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP) de Statistique Canada contenant un échantillon de 7069 personnes en emploi. Des analyses de régressions multiples ainsi que des régressions multiples multiniveaux ont été estimées. Les analyses ont été ajustées pour l’âge, le genre, le statut matrimonial, le revenu du ménage, le soutien social hors travail, la scolarité, la présence d’enfants âgés de 0 à 5 ans et de 6 à 11 ans.
Résultats
À travers le temps, et après avoir contrôlé pour certaines variables confondantes, le statut d’immigrant ne s’associe ni aux symptômes de détresse psychologique, ni aux symptômes dépressifs. L’ethnicité, quant à elle, s’associe aux symptômes dépressifs, mais pas aux symptômes de détresse psychologique. En comparaison avec les personnes caucasiennes, les symptômes dépressifs seraient inférieurs chez les personnes issues des minorités visibles.
Conclusion
Contrairement au statut d’immigrant, l’ethnicité semble expliquer une partie des inégalités de santé mentale chez les personnes en emploi. Ainsi, dans les recherches futures, il s’agira de vérifier si les conditions de travail expliquent les inégalités ethniques de santé mentale dans la main-d’œuvre canadienne.
Que dois-je retenir de cette recherche ?
- Premièrement, le statut d’immigrant ne s’associe ni aux symptômes de détresse psychologique, ni aux symptômes dépressifs chez les personnes en emploi.
- Deuxièmement, l ’ethnicité ne s ’associe pas significativement aux symptômes de détresse psychologique chez les personnes en emploi.
- Troisièmement, les minorités visibles ont significativement moins de symptômes dépressifs en comparaison avec les caucasiens chez les personnes en emploi.
- Quatrièmement, le niveau de symptômes de détresse psychologique et de symptômes dépressifs varie d’un cycle à un autre dans chacun des traits d’identité culturelle. De par leur association avec les problèmes de santé mentale, les conditions de travail ou les conditions hors travail dans lesquelles se retrouvent les travailleurs à chaque cycle pourraient en être une explication.
- Cinquièmement, certaines variables ne s’associent pas de la même façon aux deux symptômes. La période à laquelle se rapporte chacun des symptômes ressentis peut en être uneraison. Les symptômes de détresse psychologique se rapportent aux symptômes ressentis dans les 30 jours précédant l’enquête; alors que les symptômes dépressifs sont évalués en référence aux 12 derniers mois.
Prochaine étape
Au sein de la main-d’oeuvre canadienne, des inégalités ethniques de santé mentale semblent exister. Ainsi, dans les recherches futures, il s’agira de vérifier si les conditions de travail expliquent les inégalités ethniques de santé mentale dans la main-d’oeuvre canadienne. Si tel est le cas, agir sur ces conditions de travail représenterait un levier de lutte contre les inégalités de santé mentale en lien avec les traits d’identité culturelle dans la main-d’oeuvre canadienne
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